vendredi 26 novembre 2010

Les identités de genre en politique

Colloque « Les identités de genre en politique »

Jeudi 23 et vendredi 24 juin 2011 à Dijon

Centre Georges Chevrier (UMR 5605) – Département de sociologie - Université de Bourgogne


En France, la masculinité du champ politique a été remise en question par l’instauration des lois paritaires à la fin des années 1990 et leur développement tout au long des années 2000. Ces mesures ont créé un appel d’offre en matière de féminité. Les candidatures de femmes ont été valorisées notamment lors des élections municipales de 2001 (DULONG, LEVEQUE, 2002) et jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. En témoigne la campagne électorale menée par Ségolène Royal lors des élections présidentielles de 2007 (ACHIN, DORLIN, 2007).

Ce colloque a pour objectif de s’interroger sur les conditions de mobilisation des identités genrées en politique. La « politique » est entendue dans son sens « large » incluant aussi bien les pratiques liées à l’exercice d’un mandat que le militantisme ou encore les mobilisations pour la défense d’une cause. On s’intéressera principalement au champ politique français mais les comparaisons internationales sont également encouragées. Quel type de féminité est recherché dans le champ politique, pour quelles raisons et selon quel(s) contexte(s) ? Quelle place tiennent les identités de genre parmi les ressources nécessaires afin de s’imposer en politique ? Peut-on d’ailleurs considérer le genre comme une ressource politique ? Afin de répondre à ces questions, nous examinerons les identités de genre au regard de leur pluralité en mettant l’accent sur les formes multiples qu’elles peuvent prendre selon les contextes politiques, temporels ou encore les capitaux dont dispose chaque acteur. Trois axes de réflexion sont proposés dans ce but.


1. Les identités de genre en politique : rôles et enjeux

Cet axe a pour objectif d’appréhender les figures de la féminité et de la masculinité en politique. On s’intéressera notamment aux attentes qui pèsent sur les femmes dans ce champ. Les travaux sur la politisation de la cause paritaire ont mis en avant la mobilisation de l’argument différentialiste afin de légitimer la revendication (BERENI, LEPINARD, 2004). Dix ans plus tard, qu’en est-il de la différence des sexes en politique ? Les femmes sont-elles toujours censées incarner le « renouveau » en s’appuyant sur des qualités telles que l’esprit concret, la proximité, l’altruisme, etc. ?

Il sera également possible de s’intéresser aux contextes et aux variables influençant la mise en scène des figures de la féminité et de la masculinité : comment ces identités de genre s’agencent-elles en fonctions des contextes spatiaux et temporels ? Des approches diachroniques et synchroniques concernant la construction de la féminité et/ou de la masculinité dans le champ politique permettront de répondre à ces questions. Les expressions de la féminité et de la masculinité à travers différents médias et par différents acteurs (journalistes, hommes/femmes politiques, etc.) pourront également être abordées.


2. Les identités de genre comme ressource

Dans ce deuxième axe, l’usage du genre comme ressource sera abordé. La mobilisation de la féminité constitue-elle une tentative d’ « empowerment » (VARGAS, WIERINGA, 1998) face à des pratiques identifiées comme masculines et dévalorisées telles que l’intérêt personnel, les promesses non-tenues, la corruption, etc. ? On pourra alors se demander à la suite d’Annie Collovald dans quelle mesure cette mobilisation du genre relève d’une « identité stratégique » en politique (COLLOVALD, 1988). Que deviennent aujourd’hui le genre et la parité dans le champ politique face aux projets de réforme des collectivités locales ? Dans quels contextes la féminité cesse-t-elle d’être valorisée ? Il s’agira également de mettre en avant les modèles de féminité stigmatisés et discrédités en politique.

Plus globalement, on s’intéressera aux autres ressources mobilisables dans le champ politique, qu’il s’agisse des ressources collectives telles que le militantisme politique et associatif ; ou encore individuelles notamment l’âge, l’appartenance à une catégorie sociale ou l’origine ethnique. Comment ces différentes ressources participent-elles à la construction de l’identité selon le genre ?


3. Vers une redéfinition du masculin et du féminin ?

Ce dernier axe propose de s’interroger sur les (re)définitions de la masculinité et de la féminité en politique. Si le champ politique est construit comme un domaine « viril » par excellence, comment l’entrée en politique ou encore le militantisme des femmes contribuent-ils à redéfinir la masculinité de ce champ ? La division du travail selon le genre pourra alors être abordée.

Du côté des acteurs, les femmes s’approprient-elles les pratiques « masculines » pour s’imposer dans ce champ ? Comment les travaillent-elles de manière à les rendre cohérentes avec leur genre ? Les études de Nicky Le Feuvre ont mis en avant plusieurs modes de féminisation des professions supérieures masculines (LE FEUVRE, 2008). Le même schéma se reproduit-il dans le champ politique ? Est-il possible d’identifier d’autres expressions de la féminité que celle découlant de la vision différentialiste des sexes ?

Réciproquement, ce sera l’occasion de s’interroger sur les pratiques des hommes en politique. Face à la valorisation des qualités « féminines », quelles sont les stratégies déployées par ces derniers ? Les valeurs telles que la proximité et le désintéressement personnel revendiquées par et pour les femmes peuvent-elles être incarnées par des hommes ? Dans quels contextes ? La masculinité s’en trouve-t-elle redéfinie ? Il s’agira aussi de s’interroger sur la pertinence de l’interprétation binaire du genre (masculin ou féminin, l’un excluant l’autre) dans la construction de l’identité.

Les contributions pourront s’inscrire dans des perspectives sociologiques, historiques, linguistiques ou encore de science politique. Une attention particulière sera accordée aux études empiriques portant sur des terrains récents ou encore peu explorés. Les contributions plus « théoriques » seront également examinées avec attention. Une publication des actes est prévue.

Les propositions de communication d’une page maximum, accompagnées d’un court CV mentionnant l’institution de rattachement, le statut, les publications relatives au thème du colloque et une adresse électronique valide, sont à envoyer avant le 30 novembre 2010 à l’adresse suivante : mnavarre@laposte.net


Comité scientifique :


- Catherine Achin, Université Paris VIII

- Laure Bereni, New-York University

- Claude Courvoisier, Université de Dijon

- Christine Guionnet, Université de Rennes I

- Armelle Le Bras Chopard, Université Versailles-Saint Quentin

- Julian Mischi, INRA/CESAER

- Maud Navarre, Université de Dijon

- Roland Pfefferkorn, Université Marc Bloch, Strasbourg

- Georges Ubbiali, Université de Dijon


Comité d’organisation :


- Matthieu Gateau, Université de Dijon

- Maud Navarre, Université de Dijon

- Florent Schepens, Université de Dijon

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