Quelle
place pour les jeunes ? L’accès à l’emploi dans les Suds
Florence BOYER (géographe, IRD UMR 205 URMIS), Charlotte GUÉNARD
(économiste, Université Paris 1- IEDES/ UMR 201 Développement et Sociétés)
La transition démographique décalée des
différents continents met les jeunes aujourd’hui face à des situations et des
opportunités d’emploi très différenciées. En Afrique sub-saharienne ainsi que
dans les pays arabes qui ont débuté leur transition démographique plus tôt, les
jeunes qui arrivent massivement sur le marché du travail sont au cœur des
enjeux démographiques et sociaux qui se posent à l’heure actuelle :
chômage, précarité face à l’emploi, secteur informel urbain saturé, tensions
générationnelles, désirs d’autonomie contraints. Les exemples des « révolutions
arabes » ont mis en exergue les aspirations des jeunes de plus en plus
qualifiés sans emploi ou occupant des emplois qui ne correspondent pas à leurs
compétences. Dans les pays « émergents », en Amérique latine ou en
Asie, les jeunes vont avoir à supporter la charge d’inactifs de plus en plus
nombreux : alors que du fait de l’absence de systèmes de retraites
généralisés, les cessations d’activité peuvent être tardives en fin de cycle de
vie, mettant en concurrence les générations entre elles pour l’accès à l’emploi,
les plus âgés restent à la charge de leurs descendants.
En Afrique sub-saharienne, au côté des
exploitations agricoles encore largement familiales, une diversification des
activités rurales est à l’œuvre à laquelle les jeunes générations contribuent
dans des conditions encore mal connues. Malgré la forte croissance des villes
qui continuent à attirer les populations et les activités, les jeunes
sub-sahariens restent encore massivement des ruraux. La répartition du
peuplement et celle des activités sont plus concentrées en villes en Amérique
latine où les jeunes sont des urbains pour l’essentiel. En Asie, la situation
est intermédiaire du fait d’une sous-urbanisation relative : l’activité et
les emplois se trouvent encore massivement en zones rurales mais l’urbanisation
progressant, les urbains devraient y être majoritaires d’ici 2030. D’un
continent à l’autre et d’un milieu à l’autre, les jeunes font face à des
opportunités inégales, conséquence à la fois de l’évolution des marchés de l’emploi
– importante baisse des recrutements dans la fonction publique par exemple – mais
également des différentiels de formation.
Face à des difficultés pour mettre à
profit leurs compétences, les jeunes ont du mal à construire leur avenir autour
de moments-clefs : fin de leur scolarité, entrée dans la vie
professionnelle, décohabitation et/ou migration, entrée en union et constitution
d’une famille. L’entrée dans l’âge actif n’est souvent pas indépendante de la
sphère familiale, au sein de laquelle s’effectuent des arbitrages collectifs en
matière de choix d’activité, de diversification des revenus… Le pouvoir
économique est aussi plus ou moins largement détenu par les générations
antérieures, qui peuvent peser fortement sur les choix et les projets de vie
active des jeunes, alors que ces derniers aspirent à une meilleure insertion
professionnelle que leurs aînés, justifiée par leur meilleur niveau de
formation.
Par le passé, les sciences sociales se
sont intéressées aux jeunes dans l’espace public, s’orientant plus récemment vers
une réflexion sur des catégories spécifiques de travailleurs : les femmes,
les employés de maison, les petits commerçants du secteur informel. L’objectif
de ce numéro est d’analyser en profondeur l’emploi des jeunes dans les sociétés
du Sud à la fois en termes d’accès et de conditions de travail, et de mettre en
évidence les nombreuses contraintes auxquelles ils font face.
Différents axes thématiques pourraient
être abordés dans ce numéro de manière indépendante ou en lien les uns aux autres.
Ces thèmes n’entendent pas exclure d’autres entrées possibles.
-
Insertion dans l’emploi :
dans quelles conditions et dans quels contextes les jeunes entrent-ils dans la
vie professionnelle ? Cela suppose-t-il une migration interne, une
mobilité entre milieux urbain et rural, voire une migration internationale, pour
la recherche d’un premier emploi ou d’une diversification de leur
activité ? Mobilisent-ils leurs réseaux personnels ou familiaux pour leur
insertion professionnelle ? L’accès à un premier emploi, même précaire,
constitue-t-il une étape vers de nouvelles opportunités dans un parcours
professionnel et migratoire ? Bénéficient-ils de politiques publiques
incitatives ou d’aides à l’insertion dans l’emploi ? Sont-ils victimes de
discriminations ?
-
Conditions de travail et rémunérations:
dans quelles conditions matérielles les jeunes exercent-ils leur travail ?
Quels sont leurs niveaux de rémunérations ? Sont-ils
plus particulièrement présents dans certains secteurs ? Dans quel type
d’emplois (formels ou informels) trouvent-ils à s’employer ? Existe-t-il
des différences importantes de conditions de travail et de rémunération selon
leur sexe ? Les jeunes femmes sont-elles cantonnées dans des emplois précaires
en raison de leur niveau éducatif ou d’arbitrages effectués au sein des
entreprises, de la sphère familiale, ou encore d’un positionnement personnel
temporaire sur le marché du travail ?
-
Autonomie des jeunes, rapports
intergénérationnels : Quelles sont les aspirations des
jeunes en matière d’emploi ? Qui prend la décision de leur recherche
d’emploi et sont-ils maîtres de leur orientation professionnelle ? Comment
les savoirs-faire sont-ils hérités et négociés d’une génération à
l’autre ? Quels sont les canaux majeurs (famille, apprentissage, réseaux
sociaux) de transmission des expériences et du savoir-faire ? Les jeunes souhaitent-ils
bénéficier d’un héritage transmissible, ou bien veulent-ils s’en affranchir
pour plus d’autonomie de décision ?
- Mobilité
sociale et professionnelle : par rapport à leurs aînés, les jeunes
occupent-ils de « meilleurs emplois » au début de leur activité
professionnelle au même âge? Quelle est leur perception de leur mobilité
professionnelle à venir ? Leurs modèles de réussite diffèrent-ils de ceux
de leurs aînés ? Connaissent-ils plutôt une mobilité ascendante ou
descendante par rapport aux générations antérieures ? Quelle peut être l’insertion
professionnelle des jeunes diplômés à l’international à leur retour dans leur
pays d’origine ?
Les contributions des disciplines
suivantes sont particulièrement attendues : anthropologie, démographie,
économie, géographie, histoire, sciences politiques, sociologie.
Les
intentions de contributions (titre et résumé ne dépassant pas 1000 signes)
doivent
être adressées à la revue Autrepart
le
15 septembre 2013 au plus tard
Les
articles sélectionnés devront être remis le 15 novembre 2013
Les
notes de lecture sur le thème du numéro
doivent
être adressées à la revue Autrepart avant le 15 décembre 2013
Revue Autrepart - 19 rue Jacob - 75 006
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