Par Jean Zaganiaris*. Il existe de nombreuses études sur la nature et la place des femmes dans le monde arabo-musulman, animées autant par un souci d'objectivation que par un esprit militant. L'axe principal de la plupart de ces travaux de recherche porte généralement sur la nature, les comportements et les actions politiques de ces femmes. Toutefois, il semble que certaines variables sociologiques soient mobilisées beaucoup plus que d'autres pour penser leurs pratiques sociales. Bien souvent, ce sont des variables culturalistes qui sont mises en avant, expliquant la domination dont sont victimes les femmes principalement de part leur nature «arabe» et/ou «musulmane». Or, si la contextualisation des pratiques sociales doit être faite au sein de l'ère géographique où elles ont leur effectivité, elle ne peut à elle seule expliquer tout. Le risque de focaliser sur leur «islamité » ou sur leur appartenance au monde «oriental», pour reprendre l'expression ironique d'Edward Saïd, est de verser dans un hyper-culturalisme expliquant les comportements sociaux de ces femmes uniquement de par leurs attachements religieux ou géographique. Or, le fait de rappeler qu'à côté de cette appartenance -certes complexe et forcément multiple- au monde arabo-musulman, ces femmes sont aussi dotées d'une variable «genre» susceptible d'aider à comprendre non seulement leurs actions mais aussi celles ayant lieu autour d'elles, nous a semblé être une piste de recherche importante, permettant de comprendre la féminité et la masculinité arabes en dehors de l'anthropocentrisme culturaliste.
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* Enseignant-chercheur au CERAM (Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Afrique et la Méditerranée)/Ecole de Gouvernance et d'Economie de Rabat.
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