" Le présent article est issu de deux années de rencontres de l’atelier « Genre à l’international » qui s’est créé au sein de l’association EFiGiES en 2003. Nous étions quelques doctorantes travaillant sur des terrains hors Europe et nous voulions réfléchir à l’utilisation de catégories d’analyse occidentales (« genre », « classes », « dichotomie privé-public », « mouvement social », etc.) dans l’appréhension de sociétés qui ne les avaient pas produites, puisque se situant hors Occident : le Maroc, le Yémen, Israël, l’Afghanistan et la Mongolie ou dans un extrême Occident dominé : le Nicaragua. Chacune d’entre nous, à différent stade des travaux de terrain, nourrissait une inquiétude quant à l’analyse des données rassemblées sur les lieux d’enquête. La crainte de trahir non seulement « les terrains », mais les personnes, les familles qui nous avaient accueillies et continuent de le faire, n’était pas moindre.
Il s’agissait bien sûr de la question de la légitimité de notre présence sur le terrain, nous, jeunes chercheures européennes ou bi-nationales mais formées en Europe, puis ensuite légitimité de notre prise de parole « à propos des Autres ». Et si nous nous posions la question, c’est parce que l’enquête de terrain n’est pas dissociable d’un contexte géopolitique et que nous nous situons du côté des ex-colonisateurs. Dans ce contexte, les notions de « Droits humains », de « démocratie » et de « féminisme », la notion même de sciences sociales, sont à la fois idéalisées et considérées comme appartenant à l’impérialisme libéral."
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