"Si le genre est le mécanisme par lequel la notion de masculin et de féminin est produite et naturalisée, il pourrait tout autant être l'appareillage par lequel ces termes sont déconstruits et dénaturalisés". Traduction en français du texte de la conférence de Judith Butler (l'auteur de "Gender Trouble", 1990)
Faire et défaire le genre
par Judith Butler, Professeur à l'Université de Californie à Berkeley
Conférence donnée le 25 mai à l'Université de Paris X-Nanterre, dans le cadre du CREART (Centre de Recherche sur l'Art) et de l'Ecole Doctorale "Connaissance et Culture"
Dire que le genre procède du "faire", qu'il est une sorte de"pratique", [a doing], c'est seulement dire qu'il n'est ni immobilisé dans le temps, ni donné d'avance ; c'est indiquer également qu'il s'accomplit sans cesse, même si la forme qu'il revêt lui donne une apparence de naturel pré-ordonné et déterminé par une loi structurelle. Si le genre est "fait", "construit", en fonction de certaines normes, ces normes mêmes sont celles qu'il incarne et qui le rendent socialement intelligible. Si, en revanche, les normes de genre sont également celles qui bornent l'humain, c'est-à-dire qu'elles déterminent la manière dont le genre doit être construit afin de conférer à un individu la qualité d'humain, alors les normes de genre et celles qui constituent la personne sont intimement liées. Se conformer à une certaine conception du genre équivaudrait alors précisément à garantir sa propre lisibilité en tant qu'humain. À l'inverse, ne pas s'y conformer risquerait de compromettre cette lisibilité, de la mettre en danger.
Pour lire la suite:
http://www.genreenaction.net/spip.php?article3404
Faire et défaire le genre
par Judith Butler, Professeur à l'Université de Californie à Berkeley
Conférence donnée le 25 mai à l'Université de Paris X-Nanterre, dans le cadre du CREART (Centre de Recherche sur l'Art) et de l'Ecole Doctorale "Connaissance et Culture"
Dire que le genre procède du "faire", qu'il est une sorte de"pratique", [a doing], c'est seulement dire qu'il n'est ni immobilisé dans le temps, ni donné d'avance ; c'est indiquer également qu'il s'accomplit sans cesse, même si la forme qu'il revêt lui donne une apparence de naturel pré-ordonné et déterminé par une loi structurelle. Si le genre est "fait", "construit", en fonction de certaines normes, ces normes mêmes sont celles qu'il incarne et qui le rendent socialement intelligible. Si, en revanche, les normes de genre sont également celles qui bornent l'humain, c'est-à-dire qu'elles déterminent la manière dont le genre doit être construit afin de conférer à un individu la qualité d'humain, alors les normes de genre et celles qui constituent la personne sont intimement liées. Se conformer à une certaine conception du genre équivaudrait alors précisément à garantir sa propre lisibilité en tant qu'humain. À l'inverse, ne pas s'y conformer risquerait de compromettre cette lisibilité, de la mettre en danger.
Pour lire la suite:
http://www.genreenaction.net/spip.php?article3404
4 commentaires:
Bonjour,
Je publie ce texte de J. Butler afin de susciter un petit débat sur le travail de la chercheure américaine. Ses écrits nourissent la pensée de mes travaux et je souhaiterai donc confronter ses thèses au terrain marocain mais aussi à tout un appareillage théorique du genre trop lié dans ce pays (et de plus en plus) à l'espace associatif et au discours sur lui par les ONG.
Que pensez-vous de son concept d'identité de genre en travail pour le cas du Maroc?
Merci,
Je suis étonné de voir qqun vouloir lancer un débat sur ce forum.La problématique exposée dans le texte de Butler parle d'un philosophie de l'action appliquée au genre.Je suis aussi un chercheur dans l'approche genre, je voudrais bien moi aussi échanger mes idées et mes connaissances , les confronter avec la pratqiue du genre au Maroc.
Le genre au Maroc est amalgamée avec l'action féminine et féministe qui dont les perceptions theoriques et pratiques dominent encore.La rupture épistemologique n'a pas encore touché notre pays.Que faire ? qui doit la faire?Les chercheurs bien sur.Mais des chercheurs jeunes et actifs comme nous, loins d' un certain autisme intelectuelle conscient et prémedité. salut
C'est justement cet amalgame avec l'action féministe qu'il faudrait démêler et penser le genre non plus de point de l'action sociale mais dans le cadre de cette philosophie de l'action que prône butler. Notre objectif n'est pas de définir celles ou ceux à même de mener une déconstruction sur le genre au Maroc mais bien de la penser et de l'intégrer dans nos travaux qui utilise ce concept. Que pouvons-nous dire sur les identités en action? Une question me tourmente : pourquoi est-ce que l'étude sur le genre au MAroc est-elle autant lié à l'action associative? Qu'est-ce qu'il fait qu'académicien et associatifs se retrouvent mêlés sur cette question du genre trop politisée?
Je pense que c'est lié au fait que les associations (ou plutôt les associations "féministes" nationales) ont été les premières à mettre (une certaine utilisation et définition) du concept genre sur la scène publique. Le milieu universitaire ne s'est intéressé à la question que plus tard et probablement par l'intermédiaire de chercheurs qui sont eux mêmes membre du milieu associatif... POur moi aussi cet amalgame pose problème bien qu'il puiss paraître compréhensible. POur ma part, j'essaie l'excercice contraire: travailler sur les femmes associatives mais sans l'intégrer dans une réflexion autour du genre. Cet exercice parait aussi très étrange à la plupart de mes interlocuteurs qui associent obligatoirement: femme et association à mouvement féministe et à des réflexions autour de rapports de genre. Or je suis d'avis qu'il y a d'autres aspects et relations de pouvoir qui peuvent être étudiés dans ce contexte.
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