Voici le compte rendu de Leila Bouasria qui a participé à la Conférence sur "Le rapport de développement humain dans les pays Arabes : Vers La promotion de la femme" à Marrakech le 19-20 Avril 2007.
En 2002 , le rapport de développement Humain considérait le manque d’autonomie des femmes arabes comme l’un des facteurs principaux empêchant les pays arabes de regagner le sommet des classements mondiaux en terme d’éducation, d’échange et de culture.
Le Rapport de 2005 ayant comme thème principal ‘la promotion de la femme’ est le dernier en date d’une série de quatre qui évalue les avancées acquises par les femmes Arabes.
Programme du colloque :
Séance d’ouverture du colloque : Présentation du rapport
Première séance : Contexte général de la réalité de la femme Arabe dans le rapport
- Nadir Moumni : La représentation politique des femmes dans le rapport humain Arab
- Zoubir Arouss : LA femme Arabe et la participation politique
- Ahmed Idriss : Droits et liberté de la femme Arabe dans le rapport
Première séance : Contexte général de la réalité de la femme Arabe dans le rapport
- Nadir Moumni : La représentation politique des femmes dans le rapport humain Arab
- Zoubir Arouss : LA femme Arabe et la participation politique
- Ahmed Idriss : Droits et liberté de la femme Arabe dans le rapport
Deuxième Séance :
- Abdelaziz Guessous : Societé Civile et promotion de la femme
- Pr. El Kassimi : L’image de la femme dans la littérature Arabe contemporaine
Troisième Séance : La femme Arabe : Etude de cas
- Mohamed Malki : La moudawana : fruit d’une lutte au Maroc
- Mohamed Elghali : LA condition de la femme Marocaine à travers le rapport
- Fatiha Sahli & Abdelmalek El Ouazzani : Femme marocaine en milieu Urbain : étude de cas
- Omar Kouch : Femme Syrienne entre Rapport et réalité
- Omar Darras : Mobilité professionnelle et sociale de la femme active algérienne
Quatrième Séance : Bilan et perspectives d’avenir en matière de liberté
- Abdelaziz Guessous : Societé Civile et promotion de la femme
- Pr. El Kassimi : L’image de la femme dans la littérature Arabe contemporaine
Troisième Séance : La femme Arabe : Etude de cas
- Mohamed Malki : La moudawana : fruit d’une lutte au Maroc
- Mohamed Elghali : LA condition de la femme Marocaine à travers le rapport
- Fatiha Sahli & Abdelmalek El Ouazzani : Femme marocaine en milieu Urbain : étude de cas
- Omar Kouch : Femme Syrienne entre Rapport et réalité
- Omar Darras : Mobilité professionnelle et sociale de la femme active algérienne
Quatrième Séance : Bilan et perspectives d’avenir en matière de liberté
- Laroussi Amri : La centralité de la femme : concept pour une démarche alternative de libération féminine
- Massoud Daher : Perspectives de la promotion de la femme à l’ère de la mondialisation
- Ahmed Benchikh : Evaluer l’empowerment des femmes dans le monde Arabe
- Massoud Daher : Perspectives de la promotion de la femme à l’ère de la mondialisation
- Ahmed Benchikh : Evaluer l’empowerment des femmes dans le monde Arabe
Synthèse
Le volet politique dans le quatrième rapport a certes fait ressortir la grande avancée réalisée par la femme Arabe durant cette dernière décennie. Les résultats quantitatifs présentés par le rapport étant, par ailleurs, de nature hétérogène, rendent difficile la comparaison entre des pays différents comme L’Arabie Saoudite, Sultanate Oman ou Kuwait ou la lutte concerne encore le droit de vote et d’autres pays qui applique l’approche genre dans leurs politiques publiques. Les progrès inégaux (à vitesse différente) réalisés par les pays Arabes rendent impossible une synthèse qui reflète les avancées politiques dans ces pays. Le rapport a fourni une base de données et des résultats quantitatifs évaluatifs des faits réels mais qu’en est t’il des mécanismes d’accès des femmes à la représentation politique ? Dans le cadre des critiques adressées au rapport, quelques propositions ont été faites quant à l’importance d’analyser l’impact des structures de partis politiques sur la participation de la femme (impact de la loi des partis, mode de scrutin, l’architecture électorale..) et le rôle des femmes dans les partis, ainsi que la limite du système de quota.
Il a aussi été suggéré de relater le parcours des mouvements féministes Arabes notamment celles qui ont une orientation islamique en mettant en exergue la différence entre ces dernières et d’autres mouvements qui s’inspirent d’autres idéologies.
L’autre point important qui a été discuté concerne les distorsions flagrantes entre le droit et la réalité dans les pays Arabes. Même quand les lois sont équitables, le manque d’information ainsi que les résistances culturelles rendent leur application difficile.
Les termes tels qu’équité ou égalité peuvent avoir un sens différent dans la culture Arabe (moussawate et mounasafa). Le professeur Ahmed Idriss a essayé de faire la distinction afin de surmonter ces difficultés sémantiques. Comme l’égalité n’est pas toujours synonyme d’équité, Selon lui « l’Egalité dans la culture Arabe ne se traduit pas par une égalité juste…Egalité est un concept juridique qui est mesuré selon des critères concrets alors que l’équité peut renforcer des rapports non égalitaire entre les individus. » Ahmed Idriss a donné l’exemple de l’héritage qui renforce l’inégalité mais qui est considéré dans nos contextes comme un jugement d’équité parce qu’il prend en considération les devoirs des époux en tant que pourvoyeurs de revenus. Dans le contexte Arabe, le fait de mettre en perspective les débats législatifs renvoie aux débats sur l’héritage religieux parce que les lois juridiques sont confrontées à leur conformité au droit musulman. La question féminine n’est donc pas purement juridique mais apparaît liée à d’autres dimensions.
Hormis les difficultés d’analyse des avancées, quelques intervenants ont exprimé leur désaccord quant à quelques postulats émis par le rapport. Professeur Kacimi , par exemple, affirme, contrairement aux constats du rapport, que la littérature Arabe contemporaine renforce l’image des femmes Arabes soumises et les cantonne dans le rôle de la femme, qui a travers la ruse détourne les jeux de séduction. Les romans ayant été livrés comme exemple sont :abir sarir d’Ahlam Moustaghanmi, sayf lan yatakarrar de Berrada, fitnat al rououss wa nisswa de Bensalem Himmich.
Durant la deuxième séance a été tracée l’évolution du mouvement féminin Arabe. L’intervention du professeur Malki s’est penchée sur la moudawwana marocaine. La question féminine marocaine a été intégrée dans la lutte nationaliste . Selon lui, les femmes Marocaines ont participé activement à la résistance contre le colonisateur en inscrivant leur lutte dans une perspective purement nationaliste. (lutte pour watan avant d’être une lutte pour mouwatana) L’évolution de la question féminine Marocaine a ainsi été divisée en trois phases prépondérantes :
o Lutte contre le colonisateur
o Construction d’un état nationaliste
o L’éveil d’une nouvelle conscience féminine qui s’inspire du discours international.
L’éveil de cette nouvelle conscience a été marqué par l’élargissement du débat sur les réformes du statut personnel. Selon professeur Malki, cette nouvelle conscience est une consécration des acquis des années de lutte et ont été largement favorisé par deux facteurs :
- Le contexte politique marocain caractérisé par l’ouverture
- Le discours international
Certains intervenants ont jugé le débat actuel marocain sur les réformes élitistes et se sont interrogés sur les mécanismes de fonctionnement de l’ancienne commission royale dans le cadre de laquelle les débats sont restés fermés.
Les intervenants ont aussi dénoncé l’absence de la femme rurale dans le rapport qui lui a juste consacré quelques paragraphes limitées et ne l’a pas intégré parmi les femmes actives. Une étude de cas conduite par professeur Fatiha Sahli conjointement avec professeur Wazani sur les communes avoisinantes de la ville de Marrakech a relevé l’importance de cette dimension.
La dernière étude de cas discutée lors de ce colloque concerne la mobilité sociale des femmes Algériennes. Après avoir signalé le nombre réduit d’études sur la mobilité sociale des femmes (une seule étude en France en 1993) dû à la considération de la femme comme ayant le rôle secondaire après l’époux. Pr.Darras, a travers son enquête, a tenté de faire ressortir la mobilité sociale féminine en cassant le paradoxe d’Anderson selon lequel l’éducation ne résout pas le problème des inégalités des chances. L’enquête a montré une distinction entre les différents éléments dynamisant les mobilités féminines et masculines. Cette dernière est favorisée par l’ancienneté tandis que la féminine reste étroitement tributaire de l’éducation.
Dr.Darras a ainsi mis l’accent sur le rôle du capital scolaire chez les femmes Algériennes qui , à cause du phénomène de massification des diplômes, perdent le canal qui les mènent vers l’ascension sociale et retombent dans la déqualification.
Il a aussi été suggéré de relater le parcours des mouvements féministes Arabes notamment celles qui ont une orientation islamique en mettant en exergue la différence entre ces dernières et d’autres mouvements qui s’inspirent d’autres idéologies.
L’autre point important qui a été discuté concerne les distorsions flagrantes entre le droit et la réalité dans les pays Arabes. Même quand les lois sont équitables, le manque d’information ainsi que les résistances culturelles rendent leur application difficile.
Les termes tels qu’équité ou égalité peuvent avoir un sens différent dans la culture Arabe (moussawate et mounasafa). Le professeur Ahmed Idriss a essayé de faire la distinction afin de surmonter ces difficultés sémantiques. Comme l’égalité n’est pas toujours synonyme d’équité, Selon lui « l’Egalité dans la culture Arabe ne se traduit pas par une égalité juste…Egalité est un concept juridique qui est mesuré selon des critères concrets alors que l’équité peut renforcer des rapports non égalitaire entre les individus. » Ahmed Idriss a donné l’exemple de l’héritage qui renforce l’inégalité mais qui est considéré dans nos contextes comme un jugement d’équité parce qu’il prend en considération les devoirs des époux en tant que pourvoyeurs de revenus. Dans le contexte Arabe, le fait de mettre en perspective les débats législatifs renvoie aux débats sur l’héritage religieux parce que les lois juridiques sont confrontées à leur conformité au droit musulman. La question féminine n’est donc pas purement juridique mais apparaît liée à d’autres dimensions.
Hormis les difficultés d’analyse des avancées, quelques intervenants ont exprimé leur désaccord quant à quelques postulats émis par le rapport. Professeur Kacimi , par exemple, affirme, contrairement aux constats du rapport, que la littérature Arabe contemporaine renforce l’image des femmes Arabes soumises et les cantonne dans le rôle de la femme, qui a travers la ruse détourne les jeux de séduction. Les romans ayant été livrés comme exemple sont :abir sarir d’Ahlam Moustaghanmi, sayf lan yatakarrar de Berrada, fitnat al rououss wa nisswa de Bensalem Himmich.
Durant la deuxième séance a été tracée l’évolution du mouvement féminin Arabe. L’intervention du professeur Malki s’est penchée sur la moudawwana marocaine. La question féminine marocaine a été intégrée dans la lutte nationaliste . Selon lui, les femmes Marocaines ont participé activement à la résistance contre le colonisateur en inscrivant leur lutte dans une perspective purement nationaliste. (lutte pour watan avant d’être une lutte pour mouwatana) L’évolution de la question féminine Marocaine a ainsi été divisée en trois phases prépondérantes :
o Lutte contre le colonisateur
o Construction d’un état nationaliste
o L’éveil d’une nouvelle conscience féminine qui s’inspire du discours international.
L’éveil de cette nouvelle conscience a été marqué par l’élargissement du débat sur les réformes du statut personnel. Selon professeur Malki, cette nouvelle conscience est une consécration des acquis des années de lutte et ont été largement favorisé par deux facteurs :
- Le contexte politique marocain caractérisé par l’ouverture
- Le discours international
Certains intervenants ont jugé le débat actuel marocain sur les réformes élitistes et se sont interrogés sur les mécanismes de fonctionnement de l’ancienne commission royale dans le cadre de laquelle les débats sont restés fermés.
Les intervenants ont aussi dénoncé l’absence de la femme rurale dans le rapport qui lui a juste consacré quelques paragraphes limitées et ne l’a pas intégré parmi les femmes actives. Une étude de cas conduite par professeur Fatiha Sahli conjointement avec professeur Wazani sur les communes avoisinantes de la ville de Marrakech a relevé l’importance de cette dimension.
La dernière étude de cas discutée lors de ce colloque concerne la mobilité sociale des femmes Algériennes. Après avoir signalé le nombre réduit d’études sur la mobilité sociale des femmes (une seule étude en France en 1993) dû à la considération de la femme comme ayant le rôle secondaire après l’époux. Pr.Darras, a travers son enquête, a tenté de faire ressortir la mobilité sociale féminine en cassant le paradoxe d’Anderson selon lequel l’éducation ne résout pas le problème des inégalités des chances. L’enquête a montré une distinction entre les différents éléments dynamisant les mobilités féminines et masculines. Cette dernière est favorisée par l’ancienneté tandis que la féminine reste étroitement tributaire de l’éducation.
Dr.Darras a ainsi mis l’accent sur le rôle du capital scolaire chez les femmes Algériennes qui , à cause du phénomène de massification des diplômes, perdent le canal qui les mènent vers l’ascension sociale et retombent dans la déqualification.
Leila BOUASRIA
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