lundi 9 avril 2007

Comprendre le concept genre (par Massan d'Almeida)

Le numéro de Genre en Action pour les mois de mars et avril 2007 vient de paraître en ligne. Parmi les nombreux articles de ce numéro, en voici un qui explique de façon synthétique la genèse et l'utilisation du concept GENRE:


COMPRENDRE LE CONCEPT GENRE
par Massan d’ALMEIDA


Le genre est un concept qui a été imaginé par les féministes afin de rendre compte des relations différenciées et inégalitaires qu’entretiennent les hommes et les femmes dans nos sociétés. Le féminisme entendu comme un concept, une idéologie ou tout effort/engagement visant à mettre en lumière l’existence des discriminations dont sont victimes les femmes et à changer cette situation. De ce fait, toutes les personnes (universitaires, chercheur-e-s, militant-e-s) impliquées dans le traitement des questions touchant aux droits des femmes sont des féministes.


1. Genèse du concept genre

Le genre est un concept d’origine anglo-saxonne connu sous le vocable de « gender » et qui a généré en français plusieurs expressions notamment : relations de genre, sexospécificité, rapports sociaux de sexe, sexe social, égalité entre les sexes, égalité hommes-femmes, etc. C’est un concept qui est né à l’issue d’un long processus de l’engagement féministe à lutter contre les situations d’oppression que vivent les femmes. L’intégration du concept genre dans la pensée et les stratégies de développement a été réalisée selon des étapes bien définies. L’on est parti de l’approche Intégration de la Femme au Développement (IFD) à l’approche Femme et Développement (FED) avant d’en arriver à l’approche Genre et Développement (GED).

Le concept de l’Intégration de la Femme au Développement (IFD) ciblait la femme, parce que l’on estimait que jusqu’alors, elle était exclue de la sphère du développement. Il avait pour but de parvenir à un développement plus efficace et plus performant en prônant des projets féminins, des composantes femmes dans les projets, des projets intégrés et des activités génératrices de revenus. Malheureusement, ce concept n’a pas comblé les attentes, car il ne s’attaquait pas aux causes fondamentales qui empêchaient les femmes de participer au développement de leurs sociétés. C’est la raison pour laquelle d’autres progrès ont été réalisés et que la formule « Femme et Développement » (FED) fut élaborée.

L’approche « Femme et Développement » se fonde sur le postulat que les femmes ont toujours fait partie des processus de développement. Elle met l’accent sur la relation entre les femmes et le processus de développement plutôt que seulement sur les stratégies d’intégration des femmes au développement. Dans cette approche, la mise en valeur de la contribution des femmes est perçue comme un élément de la modernisation économique et sociale. L’accent est mis sur les rendements élevés, en termes de bien-être et de capital humain, de l’investissement dans l’éducation et la participation accrue des femmes, compte tenu notamment du retard accumulé dans ce domaine (1). Théoriquement, elle met l’accent sur l’impact social, mais en pratique et dans la conception et la mise en œuvre des projets, elle a tendance, comme l’IFD à regrouper les femmes sans analyser suffisamment les différences sexuelles et les divisions de classe, de race, ou d’ethnie qui toutes ont une influence importante sur le statut social des femmes.

C’est alors que l’approche « Genre et Développement » (GED) est apparue comme une solution de rechange et de correction des insuffisances constatées dans les autres approches. Selon cette vision, les hommes et les femmes créent et perpétuent la société. Ils déterminent la répartition des tâches, mais les bénéfices et les souffrances sont mal partagés. Car ils ont des rapports différents les uns avec les autres au sein de la société, malgré une certaine interdépendance, et évoluent dans des secteurs différents de la communauté. A cause de leurs rôles sociaux, les hommes peuvent selon leur bon plaisir restreindre ou élargir les options des femmes. Il n’est donc pas surprenant de constater que le développement se répercute de façon différente sur les hommes et sur les femmes car chaque catégorie exerce une influence différente sur les projets et les ressources. Or si l’on veut faire avancer les intérêts de la communauté, les deux doivent participer à l’identification des problèmes et des solutions. L’approche GED s’appuie alors sur l’ensemble de l’organisation sociale, de la vie économique et politique, afin de comprendre la formation des aspects particuliers de la société. Elle s’intéresse, non pas à la femme en soi, mais, à la construction sociale de genre et à l’attribution des rôles et des responsabilités spécifiques que la société attend des hommes et des femmes. Le genre n’est donc rien d’autre qu’un construit social. (2) 2. Comprendre le concept genre

Le genre en tant que concept fait référence aux rôles et responsabilités des femmes et des hommes tels qu’ils sont déterminés par la société. Il est lié à la façon dont nous sommes perçus et censés penser et agir en tant qu’hommes et femmes en fonction de l’organisation de la société et non du fait de nos différences biologiques. Ces rôles et responsabilités renvoient aux différents travaux effectués par les hommes et les femmes, à leurs besoins pratiques et stratégiques, à leurs différents niveaux d’accès aux ressources et aux différentes sphères dans lesquelles ils ou elles peuvent prendre des décisions et exercer un contrôle sur les ressources et les avantages. Ces rôles et responsabilités sont déterminés d’un point de vue social et culturel et peuvent différer d’une communauté à une autre, d’un pays à un autre. (3)

Le genre peut être défini comme un ensemble de rôles fixés par la société et culturellement variables que les hommes et les femmes jouent dans leur vie quotidienne. Il fait référence à la relation structurellement inégalitaire entre les hommes et les femmes, telle qu’elle se manifeste au niveau micro (au sein de la famille) et au niveau macro (par exemple sur le marché du travail). Il prend racine dans les valeurs traditionnelles observées par nos différentes sociétés, et a des répercussions sur la loi et les politiques de développement de nos pays. Le genre est une notion dynamique et il subit l’influence des mutations sociales ; il est parfois fonction de l’âge des acteurs, de leur niveau d’instruction, de leur origine sociale et milieu de provenance, de leur religion, etc. Cependant, bien que le genre soit une notion très variable, il renferme un dénominateur commun : l’oppression universelle des femmes.

Vous trouverez la suite de l'article sous:
http://www.genreenaction.net/spip.php?article5514

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